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Zoom sur l'habitat réversible

1. Qu'est ce que l'habitat réversible ?



On qualifie de "réversible" tout habitat qui peut être facilement démonté ou déplacé, autrement dit, qui ne laisse pas d'empreinte irréversible sur le sol. Le terrain n'étant pas définitivement artificialisé, il peut facilement retrouver son état initial.

Notez que cette notion d'habitat réversible n'est pas une terminologie juridique. Dans la loi, on parle dans certains cas "d'habitats légers de loisirs", dans d'autre cas, de "résidences démontables constituant l'habitat permanent de leurs utilisateurs", mais jamais d'habitat réversible. Ceci dit, nous avons tout de même fait le choix de privilégier cette terminologie car c'est celle qui nous paraît la plus juste et la plus adaptée pour décrire ces types d'habitats qui ne sont pas tous nécessairement ni légers, ni démontables, à proprement parler. D'autant que l'habitat léger souffre parfois d'un imaginaire un peu connoté, pouvant être perçu comme fragile ou précaire, ce qui n'est absolument pas le cas des constructions avec lesquelles nous travaillons aujourd'hui, qui se révèlent au contraire durables et peuvent parfaitement répondre aux critères modernes de confort et d'esthétique.
Pour mieux cerner les différents types d'habitats réversibles, nous les avons regroupé en 4 catégories :
  • les habitats mobiles, comme par exemple les roulottes et les tiny-houses ;
  • les habitats transportables, qui se différencient des habitats mobiles car ils n'ont pas eux-même la capacité de se mouvoir, comme c'est le cas des mobil-homes ou des conteneurs aménagés ;
  • les habitats démontables, comme les yourtes ou certaines constructions en ossatures bois ;
  • les habitats biodégradables, qui peuvent se composter, comme les terre-pailles et les kerterres.

Ces habitats ne connaissent pas de limite de taille, mais ils sont souvent d'une surface petite ou moyenne. En terme de parcours résidentiel, ça remet un peu en question la dynamique qu'on observe jusqu'ici : des ménages, qui sont, de fait, de plus en plus petits, ont tendance à se loger dans des habitats toujours plus grands. Mais plutôt que de voir ce revirement comme une contrainte limitante, ça permet en réalité de répondre à plusieurs aspirations, que portent de plus en plus de gens : celle d'un mode de vie plus accessible d'une part, mais aussi plus sobre, plus écologique, et même plus solidaire, en misant sur la présence complémentaire d'espaces de vie partagés, par exemple : une buanderie, une chambre d'amis, une salle de jeu, une bibliothèque, un atelier, etc.

Penchons-nous maintenant un instant sur les raisons qui nous font dire que l'habitat réversible est une réponse pertinente aux enjeux écologiques.

👉 Premièrement, comme je l'ai déjà évoqué : les sols. Ces habitats permettent de préserver l'infiltration de l'eau (par exemple, grâce à la construction d'une dalle bois sur fondations légères), ce qui est essentiel pour prévenir des phénomènes d'inondation et préserver la précieuse vie des sols.

👉 Deuxièmement : les déchets. En utilisant des matériaux biosourcés, biodégradables ou issus du réemploi, sur des surfaces plus modestes (en rationalisant les espaces), ils permettent une importante réduction des déchets ; les déchets du bâtiment représentent plus de 40 millions de tonnes par an en France ! C'est bien plus que les déchets ménagers que nous essayons pourtant tous de réduire dans nos quotidiens !

👉 Troisièmement : l'empreinte carbone et la consommation énergétique. Le bâtiment est aujourd'hui en première ligne des secteurs émetteurs de gaz à effet de serre en France. Pour comprendre ça, je fais une petite incise : on catégorise les émissions en 3 scopes : les émissions "directes", comme celles qui sont liées au chauffage au gaz ou au fioul par exemple (qui sont directement brûlés dans une chaudière sur place) ; les émissions indirectes liées à la production d'énergie en amont, comme c'est le cas de l'électricité ; et les émissions indirectes liées à l'industrie, nécessaire à la fabrication des matériaux et des équipements. Pour le bâtiment, ces 3 scopes représentent le tiers des émissions de gaz à effet de serre de la France !
Pour atteindre l'objectif de neutralité carbone, il est nécessaire à la fois : de réduire la production de matériaux (donc de diminuer les surfaces nouvellement construites), de réduire la teneur en carbone des matériaux utilisés (donc, en autres, limiter l'usage du béton au strict nécessaire, car il est extrêmement émetteur), de limiter la consommation d'énergie (par exemple en chauffant moins, de plus petites surfaces), et enfin d'avoir recours à des sources d'énergie non fossiles.

D'un point de vue écologique donc, il importe de refaire de la terre un bien commun, de la reconsidérer, de manière urgente, comme un bien précieux qu'on emprunte aux générations futures. Car le véritable enjeu est bien là : allons-nous léguer à nos petits enfants une Terre excessivement urbanisée, où les sols, source de vie, sont en souffrance, à l'image du déclin en cours de la biodiversité et de la vie dans son ensemble ? et avec, de surcroît, une problématique climatique dont personne n'est capable de prédire les conséquences.

D'un point de vue social à présent, l'accessibilité financière des habitats réversible est une véritable bouffée d'air dans un monde où se loger est le premier poste de dépense de nombreux ménages. Les prix du foncier et de l'immobilier, comme l'endettement, battent sans cesse de nouveaux records. Comment loger tout le monde de manière plus juste lorsque les inégalités ne cessent de croître ? La possibilité d'être propriétaire d'un habitat réversible abordable, sans être contraint d'acheter un terrain hors de prix soumis à des phénomènes de spéculation, c'est déjà un élément de réponse.

Pour finir, d'un point de vue humain, l'habitat réversible offre la possibilité de décloisonner nos espaces et modes de vie. Et, tout en possédant un "chez soi" privé, il est possible de partager des espaces communs pour redévelopper le savoir être et vivre ensemble.

L'habitat de demain doit être pensé pour faire sa part afin de répondre à ces problématiques.


Plus qu'une légère utopie, un changement de paradigme dans nos modes d'habiter est une véritable nécessité. Au sein d'Hameaux Légers, nous avons fait le choix de promouvoir l'habitat réversible car nous sommes convaincus qu'il constitue un moyen crédible et efficace de créer, ensemble, des modes de vie plus solidaires, durables, et désirables.


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2. Les différents types d'habitat réversible


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La diversité des architectures réversibles et des caractéristiques de chacune d’entre-elles seront détaillées dans la suite du MOOC.

Pour illustrer la diversité des possibilités d’habitat, les témoins en offrent différents exemples :
- Virginie & Géraud vivent en yourte,
- David en paillourte,
- Solène en Kerterre,
- Audrey & Martin et Anne & Benjamin en tiny house

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